Chapitre 8 : Jalousie. 

  Je sens la colère monter en moi, pourquoi chaque action de Ming m'affecte autant ? Je dois en finir avec cette situation, il est en train de prendre beaucoup trop de place dans ma vie. Je ne peux m'empêcher de jeter de temps en temps un coup d'œil sur lui, il joue sur son téléphone. Au son que j'entends, je suppose qu'il joue à un de ses jeux de courses automobiles, il est tellement concentré sur son jeu que par moment sa langue sort de sa bouche. 

 Je sens mon pouls s'accélérer brutalement. Oh là Kit, qu'est-ce qui t'arrive ? Pourquoi je suis troublé comme ça. Est-ce le contre coup de cette nuit ? Au téléphone la voix de Pha se fait entendre. 

 «  Hé, Ai’Kit t'es toujours là ? » 

 «  Oui ! Quoi ? Désolé, tu disais ? »  

 Après quelques mots échangés avec Pha je finis par raccrocher. Je me tourne vers Ming, il lève les yeux vers moi et son regard est semblable à celui d'un enfant qui sait qu'il a fait une bêtise et qui essaye de se faire pardonner. Je me demande finalement s'il était vraiment en train de jouer au téléphone ou bien d'épier ma conversation avec Pha. Ming se rapproche de moi et me dit : 

 «  C'est au sujet de hier soir ? C'est ça ? » 

 J'hoche la tête.  

«  Désolé, je sais que tu es fâché mais j'avais une bonne raison. Peu de temps avant qu’on arrive au bar, Yo m'a appelé pour me dire que son père l'avait informé que sa grand-mère était très fatiguée ces derniers jours et qu'ils devaient partir la voir tôt le lendemain matin. Yo voulait avoir du temps avec Ai’Pha pour lui en parler et lui proposer de l'accompagner avec son père. Ils sont partis tous les trois ce matin et vont rester quelques jours là-bas. »  

 «  Je sais ! Ai’Pha vient de me confirmer tout ça. » 

  « Alors pourquoi j'ai l'impression que tu m'en veux encore Kit ? »

 «  Non ce n'est pas ça, je ne t'en veux plus mais j'ai plein de choses en tête et je suis crevé, c'est tout. » 

 Je ne peux laisser échapper un bâillement en disant ça. Je ne suis plus en colère contre lui mais plutôt contre moi et les sentiments contradictoires qui m'animent. Ma tête me dit de ne pas céder à son charme et de l'autre mon corps lui, réagit au moindre de ses gestes. 

 «  Alors, c'est bon ? Tu ne m'en veux vraiment pas ? » 

 Il me sourit, il a l'air tellement heureux. Je suis toujours étonné par l'importance qu'accorde Ming au moindre de mes propos. C'est comme la fois sur la plage où il m'avait vraiment énervé en disant que je boudais comme une fille. Je lui avais alors dit  que je n'accepterais pas ses excuses et lui avais interdit de me suivre. Il avait tout pris au pied de la lettre. Cela l'avait tellement affecté que si l'ami de Forth ne l'avait pas ramené dans la chambre avec nous, je crois qu'il serait encore sur cette plage. 

 Il retrouve vite confiance en lui et affiche l'un de ses plus beaux sourires, mon cœur chavire sous l'émotion, il est vraiment beau mais jamais je ne lui avouerai. Il me regarde et je vois à nouveau cette petite lueur d'espièglerie. 

 Il me propose de manger avec lui, je réponds que je n'ai pas faim quand mon estomac se met à émettre un bruit de gargouillis qui le fait rire, je regarde mon ventre et lui dit doucement : 

 « Shia ! Sale traître, tu ne pouvais pas attendre qu'il soit parti ?! » 

 Si même mon corps me trahit alors je suis dans la merde. Ming voyant mon trouble en profite pour relancer l'histoire du tee-shirt et m'invite à me changer dans les toilettes du restaurant. La honte, je vire au rouge encore une fois. Je décide d'accepter son invitation, de toute façon je n'ai rien de prévu, Pha est parti avec Baby Yo. Beam, lui est sûrement parti à la recherche d'une nouvelle copine à moins qu'il ne soit en train d'émerger d'une soirée bien arrosée avec Forth. 

 De retour des toilettes, je m'installe sur le petit canapé accolé au mur, Ming est assis en face de moi. Il finit par se lever et se pencher vers moi, nos visages sont si proches que je peux sentir le souffle de sa respiration. Je sursaute quand il avance son bras vers moi, mais c'est pour attraper la boite de mouchoir posée sur l'étagère derrière moi. Je réalise que pendant tout ce temps j'ai bloqué ma respiration. 

 La serveuse arrive toute souriante vers nous. Et au moment de s'adresser à Ming elle se penche vers lui en mettant en avant son décolleté, c'est tout juste si elle ne lui colle pas sa poitrine sous le nez ! Il lui rend son sourire, un vrai playboy, qu'est-ce que ça peut m'énerver quand les filles font ça, déjà qu'avec Pha j'avais droit au même numéro mais à la différence c'est que Ming, lui, il aime toute cette attention. Il se retourne vers moi pour me demander ce que je veux manger et quand nos yeux se croisent il se fige, lève les sourcils et me dit : 

  «  Ça va Kit ? »  

  « Hm, oui ça va. » Mais le ton de ma voix ne le convainc absolument pas. 

Je serre les dents, shia, je crois que je suis jaloux, c'est le même sentiment qui me prend aux tripes que lors de la soirée où il était au téléphone avec son ex, Moo'wan. C'est là qu'il m'a avoué ses sentiments et qu'il a coupé définitivement les ponts avec elle. Tout ça pour moi, au fond de moi je ne peux m'empêcher d'éprouver une certaine fierté d'avoir été choisi et de l'autre, je ne comprends toujours pas pourquoi il a craqué pour moi, je n'ai rien exceptionnel, j'ai un caractère de cochon, je prends facilement la mouche surtout depuis que Ming est rentré dans ma vie et quand je suis gêné je suis plutôt enclin aux gros mots et ça, Ming s'en est aperçu. Et c'est là qu'il dit à la serveuse : 

 « Pouvez-vous revenir un peu plus tard s'il vous plait, mon petit-ami n'a pas encore choisi ! »  

 «  Shia ! Ming arrête ça ! » 

 Ça y est, il recommence, je ne sais plus où me mettre. Je déteste quand il fait ça et je n'ai aucun self contrôle quand il s'agit de Ming. Je pense qu'il l'a bien compris et il semble que ça devienne une sorte de joute verbale entre nous et dont je sors toujours perdant. La serveuse nous regarde d'un air désappointé et s'en va en faisant la moue. Ming finit par s'installer à côté de moi et tout en se penchant me dit : 

 « Je devrais être désolé d'avoir dit ça en public, je sais que ça te met mal à l'aise mais finalement je ne le suis pas, j'aime te voir jaloux mon Kitkat ! » 

 «  Merde Ming, tu fais chier ! Je ne suis pas jaloux et on n'est pas ensemble ! » 

« Pas sûr, quand je vois ta réaction de tout à l'heure et quand tu deviens vulgaire, c'est que tu es troublé ! » 

«  Mon cul, ouais, arrête ça Ming ! » 

« Donc si j'invite les deux filles à coté de notre table à venir s'asseoir avec nous, il n'y a pas de problème ? » dit-il en leur faisant un petit signe de la main pour leur dire bonjour. Elles se mettent à rougir et lui rendent son salut.  

 « Fais comme tu veux ! » puis je tourne la tête dans l'autre direction.  

 Je l'entends se rapprocher de moi, il me souffle à l'oreille :  

« C'est toi que je veux ! » 

 Ses lèvres effleurent le lobe de mon oreille et me font frissonner, la seule chose que j'ai envie de faire en ce moment même c'est de tourner la tête et de goûter à ses lèvres. Cette pensée me prend de court et me fait fortement rougir. Et quand mon téléphone sonne à nouveau je profite de cette occasion pour me décaler.  

 À l'autre bout du fil j'entends la voix de ma mère, je sens qu'elle va encore me passer un savon pour ne pas avoir donné de nouvelles depuis le mois dernier. Je sais, je suis un fils indigne, je les appelle que quand j'ai besoin d'argent.