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    1. Co-voiturage

     

    오 송 기 Oh Song Ki

    Oh : Nom de famille

    Song : Pin traditionnel (arbre)

    Ki : Energie, courage, vigueur, force

    Cet arbre a une image de force et de vigueur en Corée

    Date de naissance : 13/01/1998

     

    김 지 혁 Kim Ji Hyuk

    Kim : Non de famille

    Ji : Perception, connaissance, volonté, force, âme. Prénom peu courant, plutôt intellectuel, personne brillante avec une grande force d´âme et de grandes connaissances.

    Hyuk : Un  être éclatant et brillant.

    Date de naissance : 13/01/1990 

     

     

    Ji Hyuk

     Cela faisait déjà plus de deux heures trente que je roulais sans que SongKi ne veuille me remplacer, son excuse ?

     Un jeu installé sur son portable, un de ceux qui font fureur chez les jeunes de son âge, ne me demandez pas son nom je serai incapable de vous le dire, par contre ce que je peux vous dire c’est que j’ai eu plus d’une fois envie d’attraper son téléphone et de vérifier s’il avait la fonction boomerang.

     Et à chaque fois que je jette un coup d’œil dans sa direction, tout ce que je vois c’est sa longue silhouette et ses jambes interminables posées sur le tableau de bord, heureusement pour moi il a eu la décence d’enlever ses baskets avant d’y déposer ses pieds. Et l’odeur des pieds me direz-vous ? Par chance il ne dégage pas ce genre d’odeurs nauséabondes qui vous ferait croire que vous vous trouvez dans les vestiaires d’une salle de sport.

     Il est affublé d’un jean bleu marine déchiré sur plus de la moitié des jambes allant du haut des cuisses jusqu’à ses genoux, une horreur cette nouvelle mode, dépenser plus de 125 000 Won* (+96 euro) pour ressembler à un mendiant, franchement quelle idée. En haut il porte un sweat à capuche de couleur noire avec une impression devant, celle tirée du célèbre tableau de Michel-Ange « La Création d’Adam. »

    La Serrure : Co-voiturage

    Il est confortablement adossé contre le siège, de là où je suis tout ce que je peux entrevoir de son visage c’est le bout de son nez, ses lèvres charnues qu’il mordille par moment ainsi que son menton carré, le reste m’est caché par sa capuche. La tête baissée sur son écran il ne semble ne pas pouvoir décrocher ses yeux une seule seconde de celui-ci passant les niveaux de son jeu les uns après les autres et à chacune de mes demandes pour qu’il prenne le volant sa réponse n’a pas changé d’un iota, il n’arrête pas de me dire :

     

    « Après ce niveau passé Hyung*, promis je prends le volant ! »

     

     Et ce petit manège dure maintenant depuis plus d’une demi-heure, j’en ai par-dessus la tête de ce «  petit c*n », je dis petit mais cela fait déjà plus de 5 ans qu’il me dépasse d’une bonne tête, avec son 1m92 et ses 78 kg, moi je n’en mène pas large avec mes 1m72 et mes 63 kg, et quand je repense à l’époque où je le portais sur mon dos sous prétexte qu’il avait mal aux jambes et qu’il ne voulait plus marcher, je me dis que ce temps-là est bien révolu et que maintenant nous pourrions aisément inverser les rôles.

     Nous avons quitté Séoul sur les coups de 18 h30 direction le comté de Haenam, la région qui nous a vu naître car voyez-vous ce jeune homme assis juste à côté de moi est mon voisin ou plutôt le fils de ma voisine, la meilleure amie de ma mère. Nous profitons des vacances d’hiver pour rentrer chez nous fêter notre anniversaire qui a lieu dans quatre jours, Song Ki fêtera ses 20 ans et moi mes 28, eh oui pour mon plus grand malheur nous sommes tous les deux nés le même jour, je trouve ça très ironique car cela fait 20 ans que je suis obligé de le fêter avec lui.

     J’avais accepté qu’il m’accompagne au lieu de prendre le train en pensant que le co-voiturage me permettrait de me reposer un peu mais j’avais tout faux. De plus je déteste conduire la nuit ce qui n’arrange pas les choses car cela me demande une vigilance de tous les instants et je sens déjà les muscles de mes bras et de mes épaules me lancer à force de me crisper sur le volant.

     En ce moment même je n’ai qu’une envie, celle de pouvoir me détendre tous les muscles du corps en prenant une bonne douche bien chaude et ensuite pouvoir me glisser dans les draps propres d’un bon lit douillé avant de m’endormir profondément mais au vu de la situation ce n’est pas près d’arriver.

     Nous avons quitté la route principale pour emprunter des petites routes suite à un bouchon créé par un camion  qui a perdu une partie de son chargement de choux nappa (appelé communément choux chinois.) Le nouveau itinéraire calculé par mon G.P.S m’est inconnu mais j’ai fait aveuglement confiance à sa technologie et j’avais tort, ce n’est qu’au bout d’un moment qu’on roule à travers champ que je comprends en arrivant sur un petit chemin menant à une voie sans issue que nous sommes perdus alors que mon GPS s’obstine à me dire de continuer tout droit ! C’est alors qu’un gros orage éclate au loin, je me mets à frémir en sentant tous les poils de mon corps se dresser, je tourne mon visage anxieux vers Song Ki qui finit par lever la tête de son jeu en attendant à nouveau l’orage redoublé de puissance. Il attrape alors sa capuche des deux mains pour la faire glisser à l’arrière de sa nuque afin de dégager son visage puis  pivote vers moi et me demande :

     

     « Hyung ça va ? »

     J’hoche la tête en lui disant oui.

     

      « Tu es sûr ? Tu ne veux pas que je prenne le volant ? »

     

     Je le regarde fixement un instant, ses yeux couleurs noisette n’en finissent pas de scruter mon visage, il sait que je déteste les orages même s’il n’était pas encore né à l’époque de l’évènement qui fait que depuis mes 8 ans je les déteste. C’était un soir du mois de décembre 1997, un des arbres de notre jardin avait fini par traverser une vitre de la cuisine alors que je me trouvais devant la baie vitrée à regarder les éléments se déchaîner dans le jardin me croyant en sécurité entre quatre murs, je n’ai jamais eu aussi peur de ma vie que ce jour-là et ce souvenir douloureux se rappelle à moi inlassablement quand un orage éclate.

     

     

     

     

     Je lui fais signe de la tête que non et je décide de faire marche arrière et de rebrousser chemin jusqu’à la prochaine intersection. La pluie se met à tomber d’abord doucement puis son rythme s’accélère, les gouttes d’eau s’écrasent avec force sur le véhicule, le bruit qu’elles font en tombant sur la voiture résonne dans l’habitacle en même temps que les essuie-glaces tentent de chasser le maximum d’eau.

     

    Song Ki

     Le mouvement des balais d’essuie-glace allant de gauche à droite a quelque chose d’hypnotique, on dirait une sorte de danse ou plutôt un combat où chacun essaie d’avoir le dessus sur l’autre, la machine contre mère nature, finalement les éléments en sortent gagnant rendant la visibilité de la route quasiment inexistante. Je tourne la tête vers Ji Hyuk, il est crispé sur le volant et tente d’apercevoir la route devant lui.

     

     Ji Hyuk

     Arrivé devant la voie sur berge que nous avons traversée il y a moins d’un quart d’heure, nous avons la mauvaise surprise de voir clignoter des feux de signalisation à côté des barrières de sécurité descendues nous empêchant de traverser.

    J’effectue à nouveau une marche arrière en priant pour trouver un abri qui pourrait nous protéger des éléments le temps que l’orage se calme.

     C’est alors qu’un autre éclair éclate tout près de nous, je me mets à trembler, c’est la goutte de trop qui fait déborder le vase. Je donne un coup sec sur la pédale de frein excédé par la fatigue et le stress, l’instant d’après un éclair vient illuminer le ciel nous aveuglant, puis un bruit de craquement se fait entendre avant qu’un gros arbre ne tombe juste devant la voiture nous coupant le souffle sous l’émotion.

     J’ai du mal à réaliser ce qui vient de se passer, l’arbre au sol est tellement grand qu’il nous bloque l’accès à la route. Je tourne la tête vers Song Ki et je comprends à son regard que nous avons échappé au pire, je sens tout mon corps être parcouru par un frisson avant que je n’arrive finalement à articuler deux mots :

     

    « Ça va ? »

     

     Il me fait signe que oui mais son regard en dit long, je tends alors mon bras droit vers lui pour poser ma main sur sa tête de façon à le rassurer comme je le faisais quand il était enfant et qu’il venait auprès de moi chercher du réconfort.

     

    Song Ki

     Quand il passe sa main dans mes cheveux pour tenter de me rassurer je ne peux m’empêcher de bloquer ma respiration en sentant mon rythme cardiaque s’accélérer brusquement, il me fait un grand sourire en me disant que ça va aller, mon cœur fait un raté.

     

    J’ai bien eu quelques copines et même deux ou trois copains mais aucun n’a jamais su faire battre la chamade à mon cœur comme Ji Hyuk et ce depuis ma plus tendre enfance, en fait depuis le jour de mes 6 ans, ce fameux jour où il est venu me chercher à la sortie de l’école en fin d’après-midi. Sur le trajet qui nous ramenait à la maison j’avais trébuché à cause d’un lacet défait et  je m’étais retrouvé le nez contre l’asphalte me tordant la cheville droite au passage.

     Il m’avait alors pris dans ses bras pour me déposer doucement sur la murette juste à côté de nous et avait refait mon lacet en me montrant comment faire en sorte qu’il ne se défasse plus puis il m’avait tourné le dos et s’était baissé pour que je puisse grimper sur ses épaules et nous étions rentrés chez ses parents pour y attendre le retour des miens un peu plus tard dans la soirée.

     Pendant tout ce trajet mon cœur battait à tout rompre, j’avais mis ça sur le compte de l’excitation d’être comme ça en hauteur sur ses épaules mais quelques semaines après quand il nous avait présenté sa petite copine de l’époque je n’avais pu m’empêcher de ressentir un pincement violent au cœur en  entendant  la nouvelle. Ce même phénomène se reproduisait inlassablement à chaque fois que je les voyais tous les deux ensemble et même quand il a fini par rompre avec elle pour se retrouver une nouvelle petite amie quelques mois après, cette même douleur venait de nouveau m’étreindre le cœur. Au fil des ans j’avais fini par comprendre que ce sentiment n’était rien d’autre que de la jalousie et même encore au jour d’aujourd’hui mon amour pour lui n’a jamais faibli même si je me suis toujours abstenu de lui en faire part.

     

     Je jette un coup d’œil par la fenêtre de mon côté quand quelle chose attire mon attention. D’où je suis je ne vois qu’un panneau de couleur blanche, je fais part de ma découverte à Ji Hyuk et nous nous engageons avec le véhicule sur le chemin qui nous indique que nous trouverons un hôtel du nom de « La source de la renaissance », serait-ce un geste de la providence ?!

     Arrivé devant l’hôtel je suis surpris par son architecture, il est construit dans le plus pur style traditionnel coréen*. Nous quittons rapidement le véhicule pour nous mettre à l’abri sous l’un des porches mais cela ne nous empêche pas d’être vite trempés par la pluie qui continue de tomber. Je fais tinter la cloche se trouvant près de la grande porte où nous sommes en espérant trouver les propriétaires de l’hôtel.

     Un homme d’environ la cinquantaine répondant au nom de M. Oh nous ouvre la porte et nous invite à entrer. Une fois à l’intérieur du bâtiment nous sommes accueillis par sa femme et sa fille, Sun-Hi.

     Ji Hyuk leur explique la situation qui nous a amené jusqu’ici et que nous cherchons deux chambres pour la nuit. M. Oh nous informe alors qu’il n’a qu’une seule chambre de disponible car le mois de janvier étant une période creuse pour eux, ils profitent de ce moment pour effectuer des rénovations dans certaines chambres, il nous dit aussi que si le temps s’améliore demain nous pourrons si on le souhaite profiter des bienfaits de la source chaude qui a donné son nom à l’établissement. Puis il prend congé pour aller de ce pas informer une personne à même de venir dégager la route bloquée par l’arbre afin que nous puissions quitter leur établissement dans la journée de demain.

     Une fois nos affaires récupérées dans la voiture nous suivons la jeune Sun-hi jusqu’à notre chambre. Au moment de quitter la pièce la jeune fille fait tomber un livre de la poche de son jeans, je me penche pour le récupérer et je regarde avec curiosité sa couverture, elle représente un couple d’hommes dans les bras l’un de l’autre allongés sur un lit à peine vêtus d’un drap cachant leur intimité, je souris en lui rendant son manga, elle rougit fortement en le reprenant puis quitte précipitamment la chambre.

      Une fois seul je profite que Ji Hyuk soit sous la douche pour appeler mes parents et leur expliquer la situation en leur disant de communiquer l’information aux parents de Ji Hyuk.

     Après nous être tous les deux douchés nous retrouvons nos hôtes pour partager avec eux le repas du soir qu’ils nous offrent gracieusement. Nous passons une agréable soirée en leur compagnie quand M. Oh nous propose de goûter à son Bokbunja Ju* fait maison. Ji Hyuk s’empresse d’accepter pendant que je me contente de boire un à deux verres de Soju. Il est déjà 23 h 00 quand nous les quittons pour aller nous coucher.

     

    Et c’est sans trop de difficultés que je prends le chemin de notre chambre tout en soutenant JiHyuk par le bras car il n’arrête pas de rire bêtement le long du couloir qui nous y amène. Je soupçonne le propriétaire d’avoir fait son Bokbunja Ju plus fort que celui que l’on trouve en vente dans les magasins quand je vois son comportement après la quantité qu’il a bu. Une fois déposé sur le lit il se redresse brusquement en me disant d’une voix ensommeillée :

    « Song Ki … je t’aime… tu le sais ça ?! »

    « Oui Hyung je le sais. »

    « Je t’aime… vraiment ... »

    « Oui je sais, tu m’aimes comme un petit frère casse-pieds qui te colle aux basques depuis près de 14 ans, tu me l’as assez souvent répété ces dernières années. »

    « Non, pas comme ça ! »

    « Non… pas comme quoi ?! »

     Il me surprend alors en m’attrapant par la nuque des deux mains tout en me regardant fixement avant de venir coller sa bouche contre la mienne, ma première réaction est de le repousser et de lui dire qu’il est trop saoul pour savoir ce qu’il fait mais au moment où sa langue commence à se frayer un chemin entre mes lèvres je comprends que je ne le repousserai pas et je me mets à ouvrir la bouche pour lui permettre de mêler sa langue à la mienne. Son baiser a encore le goût du Bokbunja Ju et mélangé à celui du soju que je viens de boire, tout cela fait de ce baiser l’un des plus original qui m’ait été donné d’avoir. J’ai envie que ce baiser ne s’arrête jamais.

     Un long gémissement s’échappe de ma gorge quand je sens le pouce de sa main droite venir caresser la peau tendre de mon cou avant de remonter dans mes cheveux pendant que son autre main m’attrape par la taille pour mieux me plaquer contre son corps.  

     Ses mains autour de ma taille et de ma nuque se font moins présentes, je comprends alors que Ji Hyuk est en train de s’endormir dans mes bras. Je glisse ma main derrière sa tête et je finis par l’allonger sur le lit, à peine a-t-il touché l’oreiller qu’il se met à ronfler doucement.

     Je suis sous le choc de ce qui vient de se passer, un terrible duel est en train de se passer dans ma tête, d’un côté la joie d’avoir enfin pu goûter à ses lèvres et de sentir ses mains sur mon corps et de l’autre la déception mêlée de colère car les sentiments qu’il vient de me dévoiler étaient dus au fort degré d’alcool qu’il vient de boire et j’ai peur que demain matin les choses en soient toutes autres.

     Une fois allongé sur mon lit, je n’arrive pas à fermer les yeux, je me mets à tourner dans mon lit sans arriver à trouver le sommeil, je me tourne dans sa direction et je me mets à le regarder dormir, sa poitrine se soulève au rythme de sa respiration, ses traits semblent plus détendus.

     En cet instant je n’ai qu’un seul désir celui de presser encore mes lèvres tout contre les siennes et pouvoir goûter à sa peau dont je devine qu’elle aurait le doux parfum du fruit défendu. Ce désir est si fort en moi que j’ai l’impression de devenir fou et quand il se met à remuer dans son sommeil et qu’il se retourne pour laisser apparaître un bout de peau plus bas vers la naissance de son aine, je ne peux plus me retenir et je me mets à tirer doucement le drap vers moi pour avoir une vue plus dégagée de l’objet de mon désir. Encore endormi il se met à prononcer mon prénom en gémissant, il n’en faut pas plus pour que je décide de passer à l’action.

     Mes lèvres chaudes se posent sur son abdomen musclé tandis que j’effleure du bout de ma langue sa peau, il se met à gémir doucement, ses hanches se tendent vers moi, son corps est parcouru par un long frisson, cela m’encourage à continuer à parcourir cette partie de peau offerte à la caresse de ma bouche. Je me remets à la lécher tout en dessinant des cercles du bout de ma langue. Il frissonne une nouvelle fois quand ma langue s’introduit dans son nombril, je sens alors ses mains empoigner mes cheveux pour ne plus les lâcher. Il se met à prononcer mon prénom en gémissant tout en m’incitant par des mouvements de hanches à descendre plus bas vers son sexe.

     

    Sun-Hi

    Je n’arrive pas à dormir, je décide d’aller à la cuisine me préparer un Yuja Cha* quand un de mes pieds bute sur quelque chose, je me penche pour le ramasser. C’est un portefeuille, je l’ouvre pour découvrir que son propriétaire n’est autre que Song Ki un des clients arrivés ce soir, je décide alors d’aller le lui ramener.

     Dehors l’orage continue à gronder, une fois devant les portes coulissantes de leur chambre j’entends le son d’une voix, je tape sur l’un des montants d’une des portes pour me signaler, n’ayant aucune réponse je décide d’entrer, je me dis que l’orage a dû sûrement masquer le bruit que j’ai fait pour les informer de ma présence. Je pousse doucement l’une des portes coulissantes avant de suspendre mon geste, la scène qui se déroule devant mes yeux me fait monter le rouge aux joues malgré la faible lumière qui éclaire la pièce.

    Song Ki est à genoux sur le lit surplombant le corps de Ji Hyuk, il le regarde intensément avant de se mouvoir pour faire glisser son caleçon et se positionner entre ses jambes avant de lui attraper le pénis et de faire courir ses doigts sur toute la longueur. Cette caresse le fait gémir, sa voix devient rauque remplissant la pièce de ce seul son.

    Je me recule sous l’émotion que me procure son gémissement, je m’adosse contre la paroi de la porte, mon cœur bat la chamade, ses gémissements reprennent, je dois quitter les lieux cela devient trop intense pour mon petit cœur de Yaoiste, après tout je n’ai que 15 ans et je viens de voir pour la première fois de ma vie l’une des scènes de mon manga prendre vie sous mes yeux ébahis. Et c’est avec un certain regret que je fais à nouveau glisser doucement la paroi dans l’autre sens avant de déposer le portefeuille de Song Ki tout près de ses chaussures.

    Je reprends le chemin de ma chambre le sourire aux lèvres, le pas léger et la tête pleine de ce souvenir que m’ont offert à leur insu ces deux amants.   

     

    Song Ki

    Tout ce que je veux à cet instant c’est l’entendre gémir encore et encore tout en prononçant mon prénom, je fais glisser son sous-vêtement jusqu’en bas de ses chevilles puis je me baisse pour me placer entre ses jambes écartées.

    Ma main attrape son pénis et commence à le masser, elle se déplace de bas en haut alternant des mouvements lents à rapides, sa respiration devient plus bruyante et plus difficile au fur et à mesure que mes doigts jouent avec son sexe. Il se met à gémir avant de prononcer mon prénom à plusieurs reprises.

     « Song…Ki… »

     

    « Song…Ki… »

     

    C’est là que je l’entends dire entre deux gémissements :

    « Arrête ... arrête-ça … »

    « Je…je… ne  veux … »

    Je m’interromps un instant pour lui dire :

    « Arrête de trop réfléchir. » Puis pour l’empêcher de changer d’avis je me penche pour prendre dans ma bouche son gland rendu humide par le désir.

     

    Ji Hyuk

     

    « Arrête ... »

     

    « Ahhhhhh… »

     

     Je n’arrive même pas à finir ma phrase quand je sens sa main continuer son va-et-vient pendant que sa bouche encercle mon gland et que sa langue lèche mon méat avec gourmandise, je ne peux empêcher mon corps de frémir de tout son long tout en me mordant la lèvre pour tenter de réprimer un gémissement trop fort.

     Je me sens si bien que je ne veux plus qu’il s’interrompe et comme s’il avait entendu mes pensées il stoppe sa caresse, lève la tête pour me regarder droit dans les yeux, un léger sourire en coin avant de me dire :

    « Tu veux toujours que j’arrête ? »

     Ma respiration devient si saccadée et mon sexe en érection est si douloureux que la seule chose qu’il me reste à faire est de m’abandonner au plaisir que me procure sa langue et de le laisser faire de moi ce qu’il veut. Je me mets à secouer la tête de gauche à droite sans prononcer un mot.

     Il reprend là où il s’était arrêté, sa bouche se met à lécher mon gland par de petits coups légers de langue.

     

    Song Ki

     Je finis par lâcher son pénis pour partir à la recherche de sa bouche afin de mêler ma langue à la sienne, il gémit doucement quand elle entoure la sienne dans un baiser passionné. J’ai envie de sentir sa peau contre la mienne et d’y faire courir ma langue d’un bout à l’autre de son corps, je me sépare de lui un instant pour faire passer mon t-shirt par-dessus ma tête puis je fais de même avec le sien.

     

    Ji Hyuk

     Mes yeux glissent de son torse jusqu’en bas de sa taille, mon regard s’attarde sur la bosse que forme son sexe dans son caleçon, ma respiration se fait plus intense avant que je ne passe ma langue sur mes lèvres pour les humidifier avant de finir par les mordiller.

     

    Song Ki

     Quand enfin il lève le regard vers moi j’en ai le souffle coupé, il est si sexy avec ses yeux mi-clos, sa bouche entrouverte attendant que je vienne la sceller de la mienne.

     

     Je l’attrape par la nuque et tout en mordillant sa lèvre inférieure avec mes dents je l’incite à s’allonger sur le lit. Je fais ensuite courir ma bouche sur la courbe de son cou jusqu’à sa clavicule pour finir sur son torse, j’en savoure chaque centimètre léchant au passage ses tétons dressés par l’excitation, il se met à gémir plus fort quand mes dents se mettent à mordiller son téton gauche pendant que ma main gauche joue avec l’autre le faisant rouler entre mon pouce et mon index.

     

     Quand je sens le bout de son sexe humide frotter contre mon ventre je glisse ma main sur mon caleçon afin de l’abaisser et d’en dégager ma verge. Ji Hyuk se colle à moi plus étroitement. Le contact de nos deux sexes l’un contre l’autre nous fait frissonner. Ma main droite les empoigne et commence un va-et-vient pendant qu’il passe ses bras autour de mon cou pour m’étreindre encore plus fort, sa bouche vient mordiller le lobe de mon oreille. Quand ses gémissements prennent de l’intensité je sens que je deviens fou de désir, j’augmente les mouvements de mon poignet tout en ne le quittant pas du regard, au moment de jouir je sens son corps se tendre comme un arc sous le mien, il ferme les yeux avant de se laisser transporter par l’orgasme qu’il ressent pour finir par éjaculer dans ma main. De mon côté je me retiens quelques secondes afin de regarder son visage se crisper sous l’émotion, au moment où il ouvre les yeux et que nos regards se croissent je sens que je suis sous le point de jouir, je me laisse alors emporter par la vague d’émotions que je ressens à cet instant et j’éjacule à mon tour entre mes doigts.

     

     Nous restons quelques minutes l’un contre l’autre attendant de retrouver notre souffle puis je me lève pour aller chercher un gant humide et une serviette pour nous rafraîchir.

     

    Il finit par s’endormir la tête posée sur mon épaule, je continue de passer ma main dans ses cheveux en me remémorant ce qui vient de se passer tout en me demandant quel comportement je devrais adopter demain matin à son réveil. Ji Hyuk n’est pas du genre à fuir les responsabilités mais là… le stress de cette journée en plus de l’alcool ne font pas bon ménage, je me mets à bailler en me disant que j’agirai en fonction de son comportement demain matin.

     

     

     

     Ji Hyuk

    Le lendemain matin je me réveille avec le mal de tête du siècle, j’attrape mon téléphone, il est 7h10. Je tourne la tête vers la gauche pour m’apercevoir que Song Ki n’est plus dans son lit, je le cherche du regard avant d’entendre le bruit de l’eau couler dans la salle de bain, je suis vraiment surpris de le savoir debout, lui qui d’habitude est le roi des marmottes, je me sens soulagé de ne pas lui faire face dès mon réveil et je me remémore notre nuit avant de lâcher :

    « P*tain Ji Hyuk mais qu’est-ce que tu as fait ?! »

    Je passe ma main sur mon visage puis sur ma bouche pour en étouffer une flopée de gros mots. Je sens alors mon cœur battre plus fort sous le coup du stress et mon estomac être parcouru de spasmes.

    « M*rde, je crois que… »

    Je me lève précipitamment du lit pour me diriger vers les toilettes, à peine ai-je le temps de coller ma tête dans la cuvette que je me mets à vomir tripes et boyaux, je sursaute en sentant une main dans mon dos c’est Song Ki. Il attrape des feuilles de papier toilette posées à côté du wc puis il se penche vers moi pour m’essuyer la bouche, au moment où je lève la tête vers lui et que je croise son regard empli d’affection je décide de jouer l’amnésique en disant n’avoir aucun souvenir de cette nuit. Au moment où je prononce ces mots son regard se voile de tristesse mais il ne dit rien, je n’ai pas besoin d’en rajouter qu’il me répond en tentant de me sourire :

    « Hyung, promets-moi de ne plus jamais boire du Bokbunja Ju, tu as chanté une partie de la nuit et tellement faux que j’ai bien cru devenir sourd alors si tu m’aimes ne serait-ce qu’un peu, aie pitié de moi et de mes oreilles. »

    Je sens comme un coup de poignard me transpercer le cœur au moment où il utilise le mot aimer, je me contente juste d’hocher la tête de façon affirmative.

    « Si tu vas mieux, va prendre une bonne douche pendant que je rassemble nos affaires dans la voiture. »

    Je sors des toilettes pour prendre mes vêtements puis je me dirige vers la salle de bain.

     Nos affaires rangées dans le coffre de la voiture nous prenons congé de nos hôtes. Une fois installé dans le véhicule je ne peux m’empêcher de penser ironiquement que cette source appelée « La renaissance » porte bien son nom mais que malheureusement ce n’est pas cette sorte de renaissance que je m’attendais à vivre en arrivant dans cet établissement.     

    Une fois sur la route un silence de plomb s’installe dans l’habitacle sans qu’aucun de nous n’y mette un terme. De retour chez nos parents on continue de se comporter comme si de rien n’était, tentant de donner le change auprès de nos familles respectives.

     Après notre retour sur Séoul là encore nous avons continué à agir de la même façon que nous l’avions fait chez nos parents, mais plus les jours passaient, plus il m’était difficile de me comporter naturellement avec Song Ki et j’ai commencé à m’éloigner de lui d’abord en filtrant ses appels puis en n’allant plus dans les lieux où je savais que nous pourrions nous rencontrer comme la salle de sport ou encore le café Starbucks en bas de chez moi. J’avais trop honte vis à vis de lui et je tentais de faire comme si cette nuit n’avait eu aucune importance en tentant de l’enfouir au plus profond de mon cœur.

     

     

    Les jours puis les semaines et ensuite les mois passèrent sans qu’on se revoit quand un jour d’avril je reçois un appel de ma mère m’informant que Song Ki avait devancé son appel sous les drapeaux. Je fus sous le choc en découvrant la nouvelle et pendant ces 21 mois qu’il passa à servir notre pays, de mon côté je ne fis que penser à lui, à nous, à nos baisers, nos caresses dans cette chambre... cette nuit-là… un soir d’hiver en pleine orage… et à cette tempête qui avait emporté une partie de mon cœur et de ma raison.

    Je suis tiré de mes pensées par la sonnerie de mon téléphone. Je regarde l’écran de mon portable, il affiche 18h00, je souris en voyant le mot « Eomma* » (maman en coréen*) s’afficher, cette année encore j’ai décidé de ne pas rentrer chez mes parents pour mon anniversaire donc tous les jours depuis une semaine j’ai droit à son appel pour essayer de me faire changer d’avis, mais cet après midi en prenant cet appel le sujet du jour était tout autre. Elle m’explique que Song ki a été libéré de ses obligations militaires ce matin mais que personne n’a de nouvelles de lui depuis son appel vers 9h 00 après sa sortie. Je lui réponds de ne pas s’inquiéter en lui disant que Song Ki est sûrement aller voir des amis et qu’il aura oublié l’heure. J’entends alors le bruit de la sonnette de ma porte retentir.

     « Attends une seconde eomma, on sonne à ma porte. »

    Je regarde par le judas et la seule chose que je vois c’est une grande silhouette coiffée d’une casquette avec l’inscription « LOSVER ».

    La Serrure : Co-voiturage

    Mon cœur fait un raté avant de finir par battre la chamade.

     

    « Eomma désolé j’ai un imprévu, je te rappelle plus tard dans la soirée. » Puis je raccroche d’une main tremblante.

    Je respire un bon coup en tentant de retrouver mon calme, ma main tremble encore quand j’enlève la chaînette de sécurité et que je déverrouille la porte.

     

    Une fois la porte grande ouverte je prends le temps de le détailler, il semble plus grand que dans mes souvenirs, sa silhouette est plus massive, il est vêtu de noir de haut en bas, la seule touche de couleur qui tranche un peu est celle de son paquetage kaki qu’il porte sur une épaule. Je me mets à lever les yeux vers lui pour tenter de voir son regard mais il est encore caché par sa casquette, je décide de ne rien dire, je me contente d’attendre qu’il parle le premier, il finit par enlever sa casquette pour passer nerveusement sa main droite dans ses cheveux courts puis ses yeux noisette se posent sur moi et quand enfin il se met à parler c’est pour me dire :

    « Hyung, on doit parler. »

    Je me pousse pour lui permettre d’entrer dans l’appartement, je sens que ma nervosité atteint des sommets au moment où il pose son sac dans le salon puis qu’il se retourne pour me dévisager.

    Il est temps pour moi de faire face à la réalité et d’arrêter de faire l’autruche. Cela fait 21 mois que j’évite de prendre une décision et maintenant qu’importe le choix que je ferai je sais qu’en réalité la partie était déjà jouée depuis longtemps, en fait au moment même où j’avais posé mes lèvres sur les siennes.

    Fin 

     

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    Notes

    Won : Unité monétaire de la Corée du Nord et du Sud. 1 Won sud-coréen égal 0,00078 Euro au moment où j’écris cette histoire

     

    Bokbunja Ju* : C'est une liqueur réalisée avec des mûres. Ce vin est brassé avec une formule traditionnelle coréenne. Les propriétés médicinales naturelles des mûres sont favorisées par les Coréens. Degré d’alcool 15%.

     

     Soju* : L'alcool le plus consommé en Corée, c'est un alcool de riz mélangé à d'autres sources d'amidons comme de la patate douce, de l'orge. Degré d’alcool 17,5%.

    Attention l’abus d’alcool est dangereux pour la santé.

     

    Hyung*  : utilisé par les garçons pour désigner un homme plus âgé dont ils sont proches, littéralement "grand frère".

     

    Construction traditionnelle coréenne * : http://atelier.de.francais.over-blog.com/2016/06/l-habitat-traditionnel-coreen.html

     

    Yuja Cha* (thé au yuzu) : Thé traditionnel coréen à base de Yuzu  (chouette mot aussi si vous êtes amateur de Scrabble et que vous voulez faire une pierre deux coups en vous débarrassant  du Y et du Z en même temps »

    Le goût du yuzu est très particulier, il se situe entre le citron vert, le pamplemousse jaune et la mandarine avec une acidité bien marquée.

     

    Eomma* : Maman en coréen.

     


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