• Il va me rendre fou ! Chapitre 15 : Maman

    Chapitre 15 : Maman

    Kit

     Je sors précipitamment de ma chambre sans passer par la case salle de bain, dévale l'escalier quatre à quatre et manque de descendre les dernières marches sur les fesses, pour un zombie je ne me débrouille pas trop mal. J'appelle ma mère en criant, elle sort de la cuisine et me regarde se demandant ce qu'il se passe.

     « Tu sais où est Ming, il est parti ? »

     « Mais non ! Ton ami est toujours là, il est avec papa dans le jardin, au carré potager, pourquoi ? »

     « C'est que je ne sais pas à quelle heure il doit partir ce matin, il ne m'a rien dit. »

     J'entends la voie de Ming qui rentre dans le salon, je regarde mon reflet dans le grand miroir du couloir : aaah, mais j'ai une tête horrible, on dirait qu'un oiseau a fait son nid sur ma tête, je sens mon haleine, là je suis vraiment un zombie, mon haleine est devenue une arme de destruction massive.

     Je me précipite à nouveau dans l'escalier, direction la salle de bain, je me brosse les dents et sens mon haleine, ok, c'est bon ! Je me lave puis m'habille rapidement, un petit coup de brosse à cheveux et voilà, je me regarde dans la glace, je retrouve le Kit qui a fait craquer Ming et c’est plein d'assurance que je descends à nouveau les marches mais cette fois tranquillement.

     Arrivé au salon, un petit déjeuner est déjà dressé sur la table, soupe aux crevettes et citronnelle, curry de poulet au lait de coco, cakes à la banane, salade d'ananas, riz gluant à la mangue, ma mère a même fait des nouilles sautées aux germes de soja et aux crevettes, j'en salive déjà. Je soulève le couvercle de la casserole, c'est une soupe de patate douce au pak choi et curry, il n'y a qu'une mère pour penser à cuisiner les plats préférés de ses enfants, que j'aime ma mère dans ces moments-là.

     Je cherche Ming dans le salon et je ne le trouve pas, il est sur la terrasse en pleine discussion avec mon père. Mon père adore jardiner mais son travail lui prend beaucoup de son temps, être l'un des plus grands propriétaires d'entreprises de rizerie du pays n'est pas une mince affaire heureusement que mon grand frère Hear'Kieng est là pour l'épauler.

     Mon père est en train d'expliquer à Ming ses projets pour ces deux jours, vernir le cabanon et creuser un trou pour installer un bassin aquatique, ça représente beaucoup de travail pour une seule personne. Je ne suis pas très bricoleur mais c'est l'occasion de passer un peu de temps avec mon père et je décide de lui proposer mon aide. J'arrive devant eux et leurs présente mes salutations, ils en font de même.

     « Si tu as besoin d'aide papa, je veux bien t'aider ce week-end. »

     « Ce n'est pas de refus fils ! Tes frères ont comme par hasard des choses à faire à l'extérieur aujourd'hui et c'est la même histoire dès que je parle de bricoler ou jardiner. »

     « Mon oncle, je peux repousser mon départ à cet après-midi si vous acceptez mon aide. »

     « Avec joie, à trois le travail avancera plus vite. »

     Mon cœur bat plus fort en entendant la nouvelle, cela me rend si heureux que je souris en regardant Ming droit dans les yeux. Il me sourit lui aussi comme lui seul c’est le faire et je sens à nouveau mon cœur battre à tout rompre et ma respiration s'accélérer.

     Ma mère nous appelle pour venir manger et nous demande d'abord d'aller nous laver les mains avant de passer à table. J'ai l'impression d'être encore un enfant à ses yeux mais quand je vois la tête que font mes frères et sœurs je me dis qu'ils pensent la même chose que moi et je ne peux m'empêcher de sourire en me disant que quel que soit notre âge nous serons toujours ses petits.

     Une fois à table comme d'habitude c'est un peu la cohue, chacun essaie de se servir en premier ayant peur ne plus avoir son plat préféré mais connaissant ma mère, elle en a fait assez pour satisfaire tout le monde, je pense que c'est plutôt une manière de montrer à notre mère que sa cuisine est toujours la meilleure. Ming qui est assis à ma droite regarde la scène qui se déroule devant ses yeux en souriant et finit par dire à mes parents :

     « Mon oncle, ma tante, vous avez une très belle famille, je vous remercie de m'avoir accueilli parmi vous avec autant de chaleur et de gentillesse, étant enfant unique je n'ai jamais eu la chance de vivre ce genre de repas et je trouve ça très agréable alors je tiens encore à vous remercier. »

     Ma mère a la larme à l'œil et mon père arbore un sourire de fierté devant ces mots. Son discours et sa beauté ont encore séduit toute ma famille et cette fois même mon grand frère Hear'Kieng est aussi sous son charme. Mon père dit alors à ma mère :

     « Kit et Ming se sont proposés pour m'aider à creuser le bassin et aussi à poncer et vernir le cabanon aujourd'hui, j'ai donc proposé à Ming de rester à manger aussi ce midi, tu es d'accord chérie ? »

    Ma mère acquiesce de la tête et dit à Ming :

     « C'est très gentil de ta part mais je suis un peu inquiète que tu reprennes la route cet après-midi après un travail aussi physique, je suis sure que mon époux serait d'accord avec moi pour te proposer de rester aussi dormir à la maison ce soir et même demain soir, tu ne vas pas repartir dimanche matin pour revenir le jour suivant, je suis une mère et si un de mes enfants étaient dans la même situation je lui dirais la même chose, reste donc avec nous jusqu'à lundi matin s'il te plait. »

     Mon père hoche la tête pour confirmer les dires de ma mère. Je me tourne vers Ming, je vois qu'elle a réussi à l'émouvoir car son visage a pris une légère teinte rosée, de plus il ne dit rien et se contente juste d'hocher plusieurs fois la tête, arriver à faire taire Ming n'est pas donné à tout le monde. Nous continuons à manger tout en parlant de tout et de rien quand Ming dit en regardant ma tête :

     « Tu as finalement réussi à enlever le nid d'oiseaux que tu avais sur la tête ! »

     Je suis effrayé par ce qu'il vient de dire que j'en ai la chair de poule, je regarde ma mère, elle est la seule à m'avoir vu ce matin, Ming était encore dans le salon avec mon père, il est impossible qu'il m'ait vu de là où il était. Ma mère est prise d'un fou rire en me regardant, les autres membres de ma famille ne comprennent pas non plus ce qui se passe. Au bout d'environ une minute son rire s'étant calmé, ma mère me dit :

     « Kit, tu te rappelles quand tu étais petit et que tu voulais sortir en douce de la maison pour aller jouer avec tes deux amis et qu'arrivé dans le couloir je te disais de remonter dans ta chambre alors que j'étais dans le salon ? »

    « Oui, j'ai toujours cru qu'en tant que mère tu avais une sorte de super pouvoir, c'est bête de dire ça à mon âge. »

    « Eh bien il semblerait alors que ton ami Ming ait le même pouvoir que moi. »

     Elle regarde à nouveau mon petit ami et lui sourit. Je me gratte l’arrière de la tête d'un air confus, quand ma mère finit par avoir pitié de moi et nous demande alors à Ming et à moi de nous lever. Elle me place devant le canapé et me fait pivoter un peu et me demande d'attendre puis invite Ming à se placer dans le couloir devant le miroir, elle s'approche du sas d'entrée, fait bouger la deuxième porte vitrée qui s’y trouve et là, je suis sous le choc, je vois Ming me faire des signes de la main, ma mère bouge à nouveau la porte vitrée et son reflet disparaît. Depuis ma plus tendre enfance j'ai toujours pensé que ma mère avait comme une sorte de pouvoir magique et de découvrir que ce n'était qu'une histoire de miroir et de reflets me laisse sans voix. Je regarde les membres de ma famille et nous partons tous dans un grand fou rire.  

     Après avoir aidé à débarrasser la table du petit déjeuner, nous montons tous les deux nous laver les dents, Ming profite que j'occupe la salle de bain pour appeler Wayo. Je prends mon temps histoire de le laisser discuter avec Yo, cela ne sert à rien que j'écoute leurs conversations je sais que j'aurai droit à un résumé de la part de Pha tout à l'heure quand je l'appellerai.

     

    Ming 

     On frappe à la porte,  je me lève pour ouvrir, c'est la mère de Kit, elle porte un carton dans ses bras.

     « J'ai retrouvé de vieux vêtements appartenant à Kieng, il devrait bien y en avoir quelques-uns qui seront à ta taille, je me suis dit que pour travailler dans le jardin tu serais plus à l'aise avec et tu n'auras pas à salir les tiens. »

     « Merci ma tante. »

     Une fois seul, je commence à déballer les vêtements du carton et trouve rapidement un t-shirt et un bermuda à ma taille quand je remarque au fond du carton des boxers. 

     J'attrape le premier qui vient et le mets devant moi quand Kit rentre dans la chambre, il est alors pris subitement d'un fou rire monstrueux, je ne comprends pas pourquoi il rit, jusqu'à ce que je retourne le fameux caleçon et découvre les mots écris sur les fesses : « Excuse-moi d'être beau ! » J'en attrape un deuxième qui provoque encore plus l'hilarité chez ma petite femme, celui-ci est recouvert des mots « Beau gosse » (vous vous rappelez du surnom de Ming au lycée ?!) Il semblerait que le grand frère de Kit est un humour assez particulier, je n'ose même plus regarder ce qu’il reste dans le carton de peur de voir Kit mourir littéralement de rire.

    Il continue à rire plié en deux sur le lit, son visage rougit, il rit tellement que des larmes coulent de ses yeux. Je finis par rire aussi mais pas à cause des mots sur les boxers mais plutôt à cause de Kit, le voir se tortiller sur le lit en essayant de retrouver sa respiration entre deux fous rires est la chose la plus mignonne et la plus comique qu'il m’ait été donné de voir depuis l'histoire du t-shirt.

     Nous finissons par nous calmer, j'attrape les vêtements de rechange et me dirige vers la salle de bain. Une fois habillé je retrouve Kit dehors avec son père. 

     À peine me voit-il qu'il étouffe un nouveau fou rire avec difficulté ce qui lui provoque une quinte de toux qui inquiète son père, il lui fait signe que ça va et rentre à nouveau dans la maison, je le suis de près. Arrivés dans la cuisine nous éclatons à nouveau de rire et je ne peux m'empêcher de penser que nous faisons bien la paire entre l'histoire du t-shirt et maintenant celle du caleçon.

     « Pourquoi est-on venus à la cuisine Kit ? »

    « À force de rire j'ai mal à la gorge, je vais prendre un peu de miel pour me soulager. » 

     Il attrape le pot de miel dans le placard et une cuillère dans l'un de ses tiroirs, la plonge dedans et la ressort pour la porter à sa bouche. Je fixe cette bouche que j'ai envie d'embrasser mais je me retiens, nos regards se croisent et nous restons quelques secondes à nous dévisager quand je vois une goutte de miel encore accrochée au coin de sa bouche, j'avance ma main et passe mon pouce dessus pour en recueillir le miel que je porte à ma bouche pour le lécher doucement tout en le regardant. 

     Kit rougit fortement, je trouve ça trop mignon de le voir aussi troublé, il se retourne pour reposer le pot de miel dans le placard puis la cuillère dans l'évier et au moment de passer devant moi il baisse la tête et se dirige vers le jardin.

     Vous allez peut être trouver ça cruel de ma part mais c'est la seule façon que j'ai trouvé pour lui faire oublier l'histoire du boxer, le troubler assez pour lui faire penser à autre chose, le seul problème c'est que cette technique est comme une arme à double tranchant, j'ai beau me dire que c'était une bonne idée sur le coup maintenant je n'arrête pas de penser à ses lèvres et au goût délicieux qu'aurait eu notre baiser si je m'étais laissé aller. Après ça je finis par sortir de la cuisine pour me rendre dans le jardin. 

    Kit 

     Ces deux jours à travailler dans le jardin ont été très physique. Quand arrive l'heure du repas nous sommes tous les trois soulagés d'avoir fini le travail. Nous montons nous doucher à tour de rôle et le repas se passe comme les précédents, dans la joie et la bonne humeur. Après le repas je sens la fatigue m'envahir, je prends congés de mes parents avec Ming et nous montons faire la sieste, à peine avons-nous touché le lit que nous nous endormons aussitôt.   

     Après le repas du soir mes frères me demandent de jouer au jeu de la tour de bois, je décline leur offre, préférant sortir voir le ciel étoilé dans le jardin car demain matin nous rentrons sur Bangkok.

     Ma mère est assise sur le canapé du jardin, quand elle me voit elle me fait signe de m'asseoir à ses côtés. Une fois assis, elle m'attrape la main et se met à la caresser doucement en regardant mon père qui discute avec Ming près du cabanon. On entend des rires venant du salon, mes frères et sœurs sont en train d'essayer d'enlever des pièces du jeu et chacun tente de déstabiliser l'autre en lui sortant des blagues, c'est agréable de les entendre rire, ce week-end m'aura permis d'apprécier encore plus ma famille. Je regarde mon homme avec affection.

     « Kit, Kit… ? » 

     Je me retourne vers ma mère, perdu dans mes pensées je réalise qu'elle était en train de me parler mais  je n'ai rien entendu.

     « Excuse-moi maman, tu disais ? »

     « Je te disais que ton ami Ming est vraiment un gentil garçon, il est bien élevé, respectueux, serviable, très beau aussi et n'a pas peur des efforts physiques. »

    Je souris aux mots de ma mère, c'est vrai que mon petit ami possède toutes ses qualités.

     « Et... semble très amoureux de toi ! »

     Je la regarde, je suis sous le choc de ses derniers mots.

     « Tu penses que je n'ai pas vu la façon dont il te regarde, il fait toujours attention au moindre de tes faits et gestes et quand hier le soleil a commencé à devenir trop fort, il est venu me réclamer des chapeaux et de la crème solaire mais c'était surtout pour toi qu'il a fait ça et quand son regard se pose sur toi il est très affectueux et aussi plein de malice. »

     Je regarde ma mère mais je n'ose rien dire de peur de me dévoiler. Elle sourit et enchaîne :

     « Toi aussi, tu ne le sais peut-être pas mais tes gestes parlent pour toi, quand hier matin tu as descendu les escaliers tout affolé pensant que ton ami était parti et quand l'entendant arriver tu as vérifié ton apparence dans le miroir avant de te précipiter à la salle de bain, c'était évident pour moi que tu avais des sentiments pour lui, tu n'as jamais eu ce genre de comportement avec Nong Pin, ton ancienne petite amie. »

     Elle a raison mais j'ai peur d'aborder le sujet avec elle, comment lui dire que son petit dernier est tombé amoureux d'un homme, ce n'est déjà pas un sujet facile à aborder que de parler de ses relations amoureuses avec sa mère mais là, on parle de deux hommes qui s'aiment.

     Même si devant mon grand frère j'ai trouvé assez de courage pour avouer mes sentiments envers Ming, il n'en est pas de même pour ma mère, j'ai peur de perdre son amour et pour moi, ma mère est la personne qui compte le plus à mes yeux dans ce monde, la perdre serait comme perdre une partie de moi. 

     Mes nerfs ont été mis à rudes épreuves depuis ces derniers jours et la fatigue provoquée par deux jours de labeurs font que je sens mes yeux se remplir de larmes. Je détourne le visage pour ne pas qu'elle puisse me voir pleurer. Je l'entends se rapprocher de moi et quand je sens ses mains m'attraper le visage pour le tourner vers elle, je baisse la tête et garde les yeux fermés.

     « Kit, s'il te plait regarde-moi ! »

    Je fais non de la tête. 

     « Alors écoute-moi, je t'ai mis au monde et élevé pour qu'un jour tu puisses devenir un adulte libre de choisir la vie que tu veux et en tant que parent ce n'est pas à moi de t'imposer un choix de sexualité plus qu'un autre, on ne choisit pas la personne dont on tombe amoureux. »

     Ses derniers mots me font ouvrir les yeux, elle passe ses doigts sur mon visage pour en essuyer les larmes. Mon cœur se sent tout d'un coup plus léger, j'ai l'impression ou plutôt je sais que ses mots vont me permettre d'aimer Ming sans peur sachant que j'ai l'amour inconditionnel de ma mère mais je ne peux m'empêcher de penser à mon père.

     « Et ne t'inquiète pas pour ton père, c'est un homme avec un grand cœur et aussi une grande ouverture d'esprit, en temps voulu j'aurais une discussion avec lui à ce sujet et je suis sure qu'il aura un discours identique au mien. »

     Je dépose un baiser sur la joue de ma mère puis j'essuie de nouvelles larmes qui coulent sur mes joues, je me lève et me dirige vers mon petit ami. Il est déjà 22h00, je sens la fatigue me submerger et je me dis qu'il doit en être de même pour Ming.

     

    Ming 

     Je vois Kit se diriger vers nous et quand il est tout près, je remarque que ses yeux sont rouges et je l'entends renifler.

     « Tu vas bien Kit ? »

     « Oui c'est juste que je suis trop sentimental et que cela me rend triste de partir demain matin. »

     Je le connais trop bien, je sais qu'il y a une autre raison derrière ses larmes mais je décide de ne rien dire, nous aurons l'occasion d’en parler dans la chambre s'il le souhaite.

     Son père l'attrape dans ses bras pour lui faire une accolade et le remercier pour son aide puis se tourne vers moi et me tend la main, je fais de même et finis par me retrouver aussi dans ses bras pour une accolade virile. Puis nous prenons congés de ses parents et montons nous coucher.

     Arrivé dans la chambre, Kit me raconte sa discussion avec sa mère et je ne peux m'empêcher de me dire qu'il a vraiment de la chance de vivre dans une famille où règne un tel amour. 

     Je le prends dans mes bras sentant son corps être pris à nouveau de sanglots, je ne dis rien, je me contente de le serrer un peu plus fort contre moi et quand enfin son corps se détend doucement je m'aperçois qu'il s'est endormi.

     Je le regarde, un petit sourire fini par se dessiner sur son visage, je n'ai qu'une envie c'est de poser mes lèvres sur les siennes mais j'ai promis à son frère que je n'aurais aucun geste inapproprié et un baiser sur la bouche de mon aimé est un geste qui déclencherait en moi un besoin beaucoup plus primitif dont il me faudrait un certain contrôle pour y mettre fin. Je me contente alors juste de lui caresser les cheveux et je finis par m'endormir.

     

    Kit 

     Après avoir embrassé toute ma famille et dit au revoir, nous montons dans la voiture. Je leur fais signe de la main jusqu'à ce qu'ils ne soient plus visibles dans le rétroviseur.

     Cela ne fait même pas 10 minutes que nous roulons que je vois Ming mettre le clignotant et se garer sur le bas-côté, il coupe le contact, défait sa ceinture puis la mienne et m'attrape par la nuque. Il me regarde intensément, sa respiration se fait plus haletante, je le vois déglutir avant de passer sa langue sur ses lèvres puis il colle sa bouche sur la mienne dans un baiser passionné, ce baiser ne ressemble en rien au premier que nous avons échangé dans ma chambre au campus, il est limite douloureux tellement sa bouche appuie sur la mienne mais je le laisse faire et quand sa langue tente de se frayer un chemin entre mes lèvres j’ouvre celles-ci, il prend alors possession de la mienne. À bout de souffle je finis par le repousser et lui demande ce qu'il lui arrive.

     « Pourquoi ce baiser, là, maintenant ? Tu as eu l'opportunité de le faire un nombre incalculable de fois pendant tout le week-end et tu n'as rien tenté, il faut que tu m'expliques, je suis perdu ! »

     « J'avais promis à ton frère de ne rien tenter sous le toit de tes parents. »

     « C'est pour ça que tu ne m'as même pas embrassé ?! »

     « Ton frère est mon aîné, je me devais de respecter sa demande. »

     « Oh, Ming ! »

     J'ai l'impression de revivre la scène de la plage, pourquoi prend-il au premier degré tout ce qui me touche de près ?

     Il me regarde puis me sourit en me disant.

     « Ta famille est adorable, ils ont su me réserver un accueil si sincère et chaleureux, ton grand frère est retourné vers le droit chemin pour seconder ton père, ta sœur est sur le point de finir sa maîtrise, Hear' Coach va bientôt partir à l'étranger pour se former au management et pouvoir ensuite aussi aider ton père et ta mère est incroyable, c'est la première fois que je rencontre une personne avec un si grand cœur et les mots qu'elle t’a dit sont très beaux.

     Tout cet amour qui lie cette famille, je veux en être digne et si cela passe par le fait que je doive respecter une promesse alors je le ferais même si je dois l'avouer ne pas pouvoir t'embrasser de tout le week-end a été difficile et j'ai plusieurs fois été à deux doigts de craquer. »

     « Je sais, je l'ai vu dans tes yeux, si tu savais dans quel état de frustration tu m'as mis en ne m'embrassant pas alors que je venais de te céder et d'accepter d'être ton petit ami. »

     Je rougis sous l'émotion en lui disant ces mots. Il s’approche à nouveau de moi puis dépose un baiser tellement rapide et léger sur ma bouche que je le regarde en fronçant les sourcils. Il sourit, il me teste encore une fois, cette fois c'est moi qui prends les devants en l'embrassant à pleine bouche, quand il ouvre la bouche pour permettre à nos deux langues de se réunir je suis pris de frissons dans tout le corps, sa langue s'entrelace à la mienne et je ne peux empêcher un petit gémissement de sortir de ma gorge, je finis par le laisser mener la danse et imposer son rythme à nos baisers.

     Je sens alors les doigts de sa main droite venir pétrir énergiquement ma cuisse droite puis venir griffer le haut de ma cuisse avant de se recroqueviller et d’attraper le tissu de mon pantalon pour le serrer fortement  dans son poing.

     Je le sens sur le point de mettre fin à notre étreinte quand finalement après quelques secondes d’hésitation sa main droite se glisse sous mon t-shirt pour en caresser ma taille, je gémis et je me mets à frissonner encore plus en sentant ses doigts courir le long de ma taille et je rapproche mon corps du sien pour venir nicher ma tête dans le creux de son épaule gauche.

     

    Ming 

     Je n’arrive pas à mettre fin à nos baisers, je suis en train de perdre le contrôle, j’ai une telle envie de le sentir tout contre moi que j’en deviens fou et quand il vient poser sa tête sur mon épaule offrant son cou à la caresse de ma bouche, je fais pleuvoir une pluie de baisers. Kit gémit doucement tout contre mon torse pendant qu’une de mes mains caresse la peau douce de son dos et que l’autre glisse dans sa chevelure, c’est tellement bon que j’aimerais que le temps s’arrête et nous laisse tous les deux seuls au monde quand tout d’un coup un bruit se fait entendre. 

     « Toc, toc ! »

     Pris dans la passion qui enflamme nos corps nous ne réalisons pas tout de suite d’où vient ce bruit.

     « Toc, toc ! » 

     On toque à la fenêtre côté conducteur. Le bruit se fait plus fort et une voix se fait entendre à l’extérieur de l’habitacle. 

     

    Kit 

     « TOC, TOC !! »

     « Jeunes hommes ! »

     Nous tournons tous les deux la tête vers la fenêtre pour apercevoir un agent de police qui nous dévisage, nous nous séparons rapidement et je me mets à rougir violemment tout en arrangeant mon t-shirt, Ming jette un regard furtif sur ma tenue, me fait un clin d’œil puis il appuie sur le bouton pour baisser la vitre électrique.

     « Bonjour, M. l’agent. »

     « Bonjour jeune homme, vous savez que vous êtes garés sur une bande d’arrêt d’urgence ?! »

     Je vois Ming serrer les dents avec un léger sourire en coin et je pris en mon fort intérieur pour qu’il garde son sérieux et qu’il ne sorte pas à l’agent de police que c’était un cas de force majeur et qu’il y avait bel et bien une urgence.

     « Je suis vraiment désolé M. l’agent. »

     Le policier demande à Ming les papiers du véhicule et au moment où Ming se penche pour les récupérer, son regard tombe sur son entre jambes, il semble plutôt surpris par ce qu’il voit mais ne dis rien mais c’est là qu’il me dévisage en me disant :

     « Vous allez bien jeune homme ?! »

     Je le regarde sans comprendre mais il veut en venir où avec sa question ?

     Il continue de me regarder attendant ma réponse. Je suis tellement embarrassé que c’est à peine si j’arrive à sortir un « oui » pour lui répondre. C’est là qu’il enchaîne par une autre question :

     « Et le jeune homme à côté de vous est votre petit ami ? »

     Mais ce n’est pas possible il me veut quoi là, j’ai droit à un interrogatoire maintenant sans qu’il m’ait lu mes droits ?! Il ne serait pas en train d’outrepasser ses fonctions en étant si curieux ?! En plus je ne vois pas pourquoi il me pose cette question puisqu’il nous a surpris il y a quelques minutes en plein ébats amoureux.

     Je tourne la tête vers Ming en espérant qu’il vienne à mon secours mais quand il croise mon regard je comprends que ce mufle ne m’aidera pas, ses yeux me mettent au défi de répondre non. J’acquiesce de la tête et réponds:

     « Oui, c’est mon petit ami !»

     À peine ai-je fini de dire cette phrase que je sens une chaleur venir irradier mon visage et mes oreilles, je baisse la tête pour cacher mon trouble tout en regardant mes pieds, je suis trop gêné par la situation et je me mets à insulter Ming en pensée : « P*tain Ming, pourquoi a-t-il fallu que tu t’arrêtes ici, tu ne pouvais pas faire taire ta libido encore quelques heures ?! »

     Le policier finit par rendre ses papiers à Ming et lui dit :

     « Vous avez beaucoup de chance d’avoir un petit ami aussi mignon et c’est pour ça que je ne vous verbalise pas cette fois mais à l’avenir si vous avez encore « ce genre d’urgence » vérifiez bien avant où vous vous garez. »

     Ming remercie l’agent de police puis celui-ci me fait un petit sourire avant de se diriger vers son véhicule.

     Je reste abasourdi par ce que je viens d’entendre, je viens de me faire draguer sous les yeux de mon petit ami ?! Je regarde Ming, il ne semble pas être troublé par ce qu’il vient de se passer, il semble même en tirer une certaine satisfaction quand je vois son regard rempli de malice.

     Il s’avance vers moi pour déposer rapidement un baiser sur ma joue tout en me disant que nous avons encore plusieurs heures de route à faire, il rattache ma ceinture de sécurité puis la sienne, remet le contact et le clignotant, regarde dans son rétroviseur puis s'engage sur la chaussée.

     Une fois sur la route il me demande de me regarder dans le miroir, je finis par le faire et je suis sous le choc devant l’image qu’il me renvoie, mes cheveux sont en bataille, mon visage est rosi par l’émotion et mes lèvres sont rouges et gonflées suite à nos nombreux baisers.

     Nos regards se croisent et Ming affiche un sourire béat, je suis sûr qu’il est satisfait de lui, je ne peux laisser échapper un soupir en repensant à la situation de tout à l’heure et comment chacun de nous a réagi face à la situation.

     Et c’est bien plus tard dans la soirée que je pense à ce week-end passé avec lui, et je me dis que ce n'était pas de tout repos mais toutes ces discussions que nous avons eues dans ma chambre nous ont permis d'apprendre à mieux nous connaitre.

     Je me demande ce que l'avenir nous réserve, vivre une histoire d'amour quand on est tous les deux des hommes n'est pas forcément facile tous les jours mais dans un pays où les mentalités bougent doucement cela peut s'avérer un véritable parcours du combattant. Je repense alors aux mots que maman m'a dit hier soir dans le jardin :

    « On ne choisit pas la personne dont on tombe amoureux ».

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    À maman, je t'aime. 


  • Commentaires

    2
    Samedi 9 Novembre 2019 à 22:11

    ha ha ha, super Maman et super Flic !!! coolglasses

      • Vendredi 15 Novembre 2019 à 08:13

        Bonjour Claire7844,

        Tu as bien raison, j'aurais peut être du appeler ce chapitre Super Maman, car en plus d'avoir des "super pouvoirs" la mère de Kit est super cool !!!

         

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